Édition du lundi 8 septembre 2008
Carte militaire: les élus de la région la plus touchée, la Lorraine, manifestent pour «montrer à l'Etat qu'elle refuse la saignée»
Près de 2.500 personnes selon les organisateurs et 1.000 selon la police, ont battu le pavé samedi matin à Metz contre la réforme des armées. Objectif de la manifestation: obtenir un maximum de concessions de la part du gouvernement sur la réforme de la carte militaire.
Pour toute la France, ce sont au total 20 régiments, 11 bases aériennes et une base aéronavale qui seront dissous ou transférés entre 2009 et 2015. S'y ajoutent une quarantaine d'établissements ou de sites isolés. Cette réforme conduit à la suppression de 54.000 postes.
Pour les contrats de redynamisation de site de défense et les plans locaux de redynamisation, une enveloppe de 320 millions deuros (dont 20 millions pour l'outre-mer) est mise en place pour la période 2009 à 2015 (1).
La Moselle est le département le plus touché par la restructuration du secteur de la Défense annoncée fin juillet par le gouvernement, qui devrait se solder par le départ de quelque 7.000 militaires d'ici à 2011. La ville de Metz est celle qui va payer le plus lourd tribut avec la perte de six unités, dont la base aérienne 128 de Metz-Frescaty qui compte 2.502 hommes. Le 57e régiment d'artillerie de Bitche sera également dissout tandis que le 13e régiment de dragons parachutistes de Dieuze (Meurthe-et-Moselle) doit être transféré en Gironde.
La Délégation interministérielle à l'aménagement et à la compétitivité des territoires (DIACT) est chargée d'assurer la coordination de la politique d'accompagnement territorial. Cette mission est assurée avec la Délégation aux restructurations du ministère de la Défense (DAR). Le ministère de la Défense assurera en propre le pilotage du volet social en faveur des personnels civils et militaires concernés par la réforme, ainsi que le volet immobilier
«Aujourd'hui, la Lorraine est unie pour montrer à l'Etat qu'elle refuse la saignée que veut lui imposer le gouvernement et pour demander à la nation un effort de solidarité au travers des compensations qui lui ont été promises par le président» Nicolas Sarkozy, a déclaré le maire de Metz, Dominique Gros (PS). «C'est une nouvelle Lorraine qui s'est mise en marche avec l'ambition d'avoir, unie, d'autres rapports avec l'Etat», a ajouté le maire de Nancy André Rossinot (UMP), dont la présence à Metz a été remarquée en raison de la vieille rivalité opposant les deux villes.
Le président du Conseil régional de Lorraine, Jean-Pierre Masseret (PS), les présidents des conseils généraux de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle, Philippe Leroy et Michel Dinet, de nombreux maires et adjoints, dont certains venus de la Meuse, ont également défilé pour que «la France n'oublie pas la Moselle», a souligné la députée Marie-Jo Zimmermann (UMP). Etaient également représentés à cette manifestation, le Conseil économique et social, les corps constitués, le patronat - MEDEF et CGPME - les artisans et commerçants, l'Ordre des avocats, l'université Paul-Verlaine et des syndicats comme la CGT, la CFDT et la CGC.
Lors de la manifestation, plusieurs élus ont exhorté le chef de l'Etat à tenir les promesses de compensations faites à Metz et à la Moselle. «Metz et la Moselle ont été sacrifiés sur l'autel de l'intérêt national. Ces promesses doivent être tenues pour ne pas bafouer l'engagement patriotique séculaire de la ville et du département», a estimé le député Denis Jacquat (UMP). Cette manifestation fait suite à une rencontre à l'Elysée, mardi, entre une délégation de parlementaires et de maires de Moselle et Nicolas Sarkozy. Pour tenter de désamorcer la colère des élus lorrains, le chef de l'État a ainsi annoncé plusieurs mesures de compensation comme le désenclavement routier du département ou la délocalisation de 1.500 emplois publics.
(1) Source: circulaire n° 5318/SG du 25 juillet 2008. Pour télécharger le texte, voir lien ci-dessous (PDF, 115 Ko).
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